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Mes inquiétudes, mes espoirs

Chers amis,

Je vous adresse aujourd’hui cette lettre pour vous faire part de mes inquiétudes face aux manipulations du gouvernement actuel. Je n’aime pas le dire mais je suis contraint de le constater. Les méthodes n’ont pas beaucoup changé depuis la révolution. Pourquoi changeraient-elles d’ailleurs alors que notre gouvernement actuel n’a rien de révolutionnaire. Il suffit de constater que l’actuel ministre de l’intérieur était aussi dans les affaires intérieures aux heures les plus sombres du zabatisme. Il a été nommé justement pour faire ce qu’il sait faire. Est-ce qu’il a été formé à de nouvelles méthodes de travail ? Je ne pense pas.

Revenons aux outils de la manipulation tels qu’expliqués par Noam Chomsky (*). On y trouve dans le désordre : la distraction, toucher l’émotionnel du peuple plutôt que l’inciter à la réflexion, créer des problèmes pour y apporter des « solutions », s’adresser au public comme à des enfants, le « dégradé » dans les actions impopulaires, nourrir la culpabilité pour étouffer la révolte.

Le gouvernement actuel soutenu par les mass medias nationaux (télévisions, radios, journaux) nous distrait à longueur de journée par des événements secondaires par rapport à ses prérogatives principales qui sont :

–          Préparer les élections de l’assemblée constituante.

–          Agir d’urgence pour développer les régions intérieures et y créer des emplois (ne serait-ce que commencer. Pour l’instant, il n’y a que des promesses).

–          Assainir le ministère de l’intérieur

–          Garantir l’indépendance de la justice

–          Juger convenablement les criminels de l’ère Ben Ali notamment les responsables des tueries qui ont eu lieu pendant la révolution ainsi que ceux qui ont appuyé sur les gâchettes – les snipers.

–          Assainir les médias de l’emprise du clan Ben Ali / Mabrouk & Friends.

–          Garantir les libertés individuelles.

En effet, le tunisien a besoin de travailler et de vivre dignement et en sécurité, où qu’il soit, à Sousse ou à Kasserine, à Tunis ou à Regueb.

Les medias ont eu une aubaine : les autres soulèvements arabes et le problème des réfugiés venant de Lybie. Des semaines durant, nous n’avons vu que cela dans les medias. Puis l’élan formidable de solidarité des tunisiens a été encore une occasion pour occuper nos journaux et nos radios. Puis, ils ont créé un « problème » : les salafistes. On a nous a informé il y a quelques semaines que plusieurs voitures transportant des armes étaient entrées en Tunisie. Ensuite, on ne nous en a plus parlé. Il n’y en avait plus besoin : un film au titre choquant et que presque personne n’a encore vu est arrivé pour faire sensation. Et là, on nous a servi encore une fois la carte salafiste. Tant pis si en passant, une salle de cinéma a subi de légers dégâts ou un avocat s’est fait tabasser. C’était le prix de la diversion. Ils ont rempli encore une fois les colonnes des journaux et les studios des télévisions. Pendant tout ce temps, personne ne nous met à jour par rapport à l’avancement des travaux de la commission en charge de préparer les élections de la constituante. D’ailleurs personne n’a le temps pour ça puisqu’il faut défendre sa religion ; la chose la plus sacrée chez le tunisien. Mais qui est cette réalisatrice ? Une illustre inconnue jusqu’à présent pour la majorité des tunisiens. Elle et son film auraient pu passer inaperçus. Mais non. Il fallait que les medias s’en mêlent. Finalement, à qui est-ce que cette médiatisation excessive profite ? C’est en s’attaquant à l’affectif du tunisien (la religion) que ce dernier se détourne des questions essentielles (khobz ou mè, ou Bin Ali lè).

Pendant ce temps, des procès sont tenus pour juger des figures de l’ère Zaba et des acquittements se succèdent alternés de condamnations risibles. Imed Trabelsi écope de 4 ans de prison, Slim Chiboub est acquitté. Saida Agrebi , le bras droit de Leila Ben Ali est acquittée, Sami Fehri est acquitté, le Directeur Général de la télévision nationale est acquitté etc. Il est clair que si on utilise les lois écrites par les amis de Zaba pour servir les intérêts des amis de Zaba, il sera difficile de trouver qu’ils ont été hors-la-loi. Le peuple n’a forcément pas le temps de s’en émouvoir puisqu’il a été trainé, d’une manière si diabolique, dans un faux-débat, une bataille imaginaire, des croyants vs. les infidèles. Les extrémistes de chaque part n’hésitant pas, de bonne foi ou pas, à verser de l’huile sur le feu. Nous semblons oublier que le peuple tunisien est dans son écrasante majorité, musulman sunnite et ces divisions sur les questions de la religion n’ont pas lieu d’être, surtout pas dans sa forme actuelle. Ceci n’est pour moi qu’une volonté de certains d’appliquer l’adage ‘diviser pour mieux régner’. Cette volonté de diviser a été claire depuis le début de la révolution. Ils ont cherché à mettre les régions les unes contre les autres. Ils ont essayé avec un certain succès de mettre des tribus du sud tunisien les unes contre les autres et maintenant ils cherchent à créer des ennemis imaginaires : les vrais musulmans contre les autres. Quand je dis ‘ils’, je parle des gouvernements Mohamed Ghannouchi et BCE, des medias (tous complices, avec ou sans préméditation), des représentants des partis politiques influents y compris Rached Ghannouchi, de l’UGTT et des restes du RCD (dont certains se sont reconvertis dans de nouveaux partis politiques). Cela fait beaucoup de gens. Tous ceux que je viens de citer sont d’abord intéressés par le pouvoir et par l’argent. Malheureusement, le bien du pays arrive bien plus bas dans leur liste de priorités. Cette classe politique et ses satellites ont bien vu lors des évènements de Décembre 2010 et Janvier 2011 qu’un peuple uni pouvait être dangereux dans l’avenir pour leur existence même. Ils ont appris cette leçon et ils cherchent dès aujourd’hui, alors que nous sommes encore en phase de transition, à créer des divisons.

La matrice au pouvoir en Tunisie a intérêt à continuer avec un système qui lui a bien réussi plutôt que de s’engager dans une voie périlleuse. La matrice a accordé pendant des années des avantages de tous genres à la bourgeoisie et à une tranche de la population qui aspirait à devenir petite bourgeoisie. En contre partie, ces derniers renvoyaient l’ascenseur en maintenant la matrice au pouvoir et en fermant l’œil sur ses dépassements. Un adage populaire dit qu’on ne peut mordre la main qui nous nourrit. Au fil des années, l’appétit de la matrice a grandi tandis que ses protégés ont continué à fermer l’œil en échange de petits arrangements. Ceci a fait trop de laissés-pour-compte et finalement l’équilibre a été rompu. Aujourd’hui, la matrice, pour survivre, est en train de sacrifier quelques pions mais cherche à limiter les sacrifices.

J’appelle le peuple tunisien à se serrer les coudes dans l’intérêt suprême de la Tunisie. Le débat sur la religion n’a pas lieu d’être. Nous, les tunisiens, sommes en large majorité musulmans et nous le resterons. Ne nous laissons pas entraîner par ceux qui cherchent à semer la discorde en positionnant le débat sur une confrontation entre un islam à l’afghane et un athéisme. Ces deux concepts ne correspondent pas à la tradition religieuse des tunisiens dans leur grande majorité. Si des jeunes aujourd’hui ressentent des doutes par rapport à leur identité religieuse (ce qui est compréhensible vu notre exposition à des dizaines de chaines satellitaires), qu’ils se renseignent dans la littérature tunisienne et auprès des anciens, les parents, grands parents et anciens du village plus généralement. La Zitouna a de tout temps été un centre régional pour l’enseignement de la religion. Qaradhaoui et compagnie n’ont pas de leçons à nous donner.
Maintenant, le temps presse. Il faut demander des comptes aux membres du gouvernement et aux présidents des commissions. Où en est-on du dossier des élections pour la constituante ? Que se passe-t-il dans le dossier de la corruption au sein du ministère de la justice ? Est-ce qu’ils ont réussi à attirer des investisseurs à Sidi Bouzid, Kasserine, Metlaoui et Regueb ? Que font-ils dans ce but ? Est-ce qu’on a identifié les snipers ? Quand est ce qu’ils passent en justice ? Y a t-il des plans pour assainir nos medias ? Comment peut-on faire confiance à une radio qui appartient à la fille de Zaba? Les gens aujourd’hui ne font pas encore confiance à la police (et ils ont peut être raison). Qu’envisage le gouvernement pour y remédier ?

La Tunisie appartient à tous les tunisiens. Il revient de ce fait à tous les tunisiens, hommes et femmes, de veiller sur ce beau pays, unis, la main dans la main, comme durant les mois de décembre et janvier derniers. C’est cette union qui a fait notre force et qui a fait que, grâce à Dieu, nous avons accompli des prouesses. C’est en restant soudés que nous réaliserons encore plus de prouesses.

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