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القطــار – محمد الصغير أولاد أحمد

عندما يكون عمرك ستين عاما، تكون قد قضيت عشرين سنة في فراش النوم،
وتسع سنوات أمام طاولة الأكل،
وثلاث سنين في دورة المياه،
وعشر سنوات في ملاطفة زوجتك،
وعامين في لعب الورق،
وثلاثة أشهر في إحدى المستشفيات الحكومية.
لا أعرف، تماما، أين قرأت ملخصا لهذا البحث الطريف، الذي قام به عالم إجتماع أمريكي، على عيّنة من الرجال الستينيين، في مدينة نيويورك.
لو أجري هذا البحث في بلادنا، لكانت إحدى النتائج البارزة،
أن التونسي، الذي لا يملك سيارة خاصة…
أو دراجة نارية مشتركة،
يقضي سبع سنوات في إنتظار القطار!!
وسبع سنوات ليست، بالتأكيد، سبع دقائق، أو سبعة أيّام، حتى نعتبر الموضوع تافها، وغير جدير بالمناقشة،
إنها تؤهّل أي مولود جديد لأن يكون في الصف الأول من التعليم الإبتدائي.
وما دامت سبع سنوات تعني سبع سنوات،
وتعادل خمسة وخمسين وأربعمائة وألفي يوما،،
وجب أن يكون تأخّر القطار علامة في تاريخ تونس المعاصرة.
وهنا أقترح على « الشركة القومية للسكك الحديدية » أن تبدل جميع قطاراتها:
السريعة،
والبطيئة،
بنوق وجمال تونسية، لحما ودما.
وهكذا تتوفر لها مواصفات الشركة أولا.
وملامح «القومية» ثانيا.
وما يجعل العودة إلى الجمال ضرورة وطنية، هو أن القطار، طيلة معاشرتنا له، (خمس سنوات فيما يخصني)، لم يبرهن على أنه أسرع من الجمل، رغم إمتيازه بمحركات بخارية صاخبة.
ثم أن الجمال تتناسل.
فيما القطارات لا تمارس الجنس أصلا،،
وهذا يساعد المجموعة الوطنية على توفير العملة الصعبة للمشاريع الإقتصادية التي تنتظر الإنجاز.
إضافة إلى أن الجمل يحتاج إلى عامل واحد..
(ويسمّى بالعربية الفصحى: الحادي).
في حين أن القطار يتطلّب رئيسا مديرا عاما،
وموظفين،
وعمّالا،
ومجلس تأديب،
ولجنة متناصفة،
ونقابة،
وهذا رأي متواضع، أسوقه بكلّ أدب، وسأسلمه إلى السيد مدير القطار، بصفة شخصية.
بعد سبع سنوات…

طبعا!
Remerciements à http://www.drikimo.com/

ألا أيها الظَّالمُ المستبدُ – ابو القاسم الشابي

ألا أيها الظَّالمُ المستبدُ

ألا أيها الظَّالمُ المستبدُ حَبيبُ الظَّلامِ، عَدوُّ الحياهْ
سَخَرْتَ بأنّاتِ شَعْبٍ ضَعيفٍ وكفُّكَ مخضوبة ُ من دِماهُ
وَسِرْتَ تُشَوِّه سِحْرَ الوجودِ وتبذرُ شوكَ الأسى في رُباهُ
رُوَيدَكَ! لا يخدعنْك الربيعُ وصحوُ الفَضاءِ، وضوءُ الصباحْ
ففي الأفُق الرحب هولُ الظلام وقصفُ الرُّعودِ، وعَصْفُ الرِّياحْ
حذارِ! فتحت الرّمادِ اللهيبُ ومَن يَبْذُرِ الشَّوكَ يَجْنِ الجراحْ
تأملْ! هنالِكَ.. أنّى حَصَدْتَ رؤوسَ الورى ، وزهورَ الأمَلْ
ورَوَيَّت بالدَّم قَلْبَ التُّرابِ وأشْربتَه الدَّمعَ، حتَّى ثَمِلْ
سيجرفُكَ السيلُ، سيلُ الدماءويأكلُك العاصفُ المشتعِلْ

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The Sickening Story of Foreign Policy

Syria: on a daily basis, The Revolution’s Council is providing the mainstream media (MSM) with the numbers of women and children who allegedly were killed by Bashar Al Assad’s brutal regime. The MSM (BBC, Aljazeera, France 24 etc.) are reporting these figures to the world, as if they were facts, in a romantic and ‘professional’ way. I personally don’t know what is fact and what is not. However, what I can clearly see is that the MSM have chosen their horse and lost their independence and credibility.

This reminds me too much of what happened in Libya. At one point, the MSM were praising the bravery of Libyan revolutionaries who gave their lives to free their country from a brutal dictator. It’s only after that we realized that this was nothing more than a bloody civil war ignited and led on the ground by western countries to topple Kadhafi. ‘Western’ countries include the UAE and Qatar.
Now that Kadhafi is dead, the country is struggling in vain to get some order back. There are reports of rival militias fighting for control. Weapons are being smuggled into neighbor countries. There are also reports of ex-pro Kadhafi fighters being tortured in secret prisons around the country. Bringing back peace and order to the country and getting its institutions functioning correctly is obviously neither on western countries agenda nor of any interest to the MSM.

The sickening story of ‘foreign policy’ is just repeating itself. Today, the targets are Iran and Syria. Propaganda is working its way to emphasize on how diabolic and ruthless Bashar Al Assad is. The MSM are supported by Cyber-soldiers on social media to gain even wider public support.

I personally have no doubt that Bashar Al Assad or Kadhafi are/were autocratic rulers among other autocratic rulers in Africa and the Middle East. For each of these rulers, a day will come when the final curtain will be drawn. Nothing lasts forever. Changes in a country should come from the will of the people not from foreign intervention behind the mask of democracy. Foreigners who topple a dictator in a country have their own agendas usually expressed in Dollars. How to provide and guarantee a better life for locals after the dictator is gone is unfortunately not part of the world leaders’ concerns. Just ask Iraqis, they will tell you…

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Les Perles FB suite à la victoire d’Ennahdha aux élections

« Les Tunisiens ont choisi leur dictateur démocratiquement! »

« Rendez moi mon argent, tawa! » Slim Riahi

« Dans 15 ans ken 3echna…je pourrais tout expliquer à mes enfants : Bourguiba, Ben Ali, RCD, Caid Essebsi, Ennahdha… mais comment leur expliquer Hechmi Hamdi ! »

ﻧﺒﻴﻞ ﺍﻟﻘﺮﻭﻱ يصرح: الشيخ ﺭﺍﺷﺪ هو ﺑﻮﻧﺎ ﺍﻟﺤﻨﻴﻦ
(intraduisible)

Urgent cause départ, vends meubles, voiture et packs de bière

Bientôt sur fb une nouvelle option 1)marié avec… 2)marié avec…3)marié avec.. 4)marié avec…

يجيك الهاشمي يا غافل

Mise a Jour:

انقر هنا… ابن ابو عبيدة ٤٠٤ … التصفّح غير متاح…

 

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Dictature financière et commerce inégal

De différents points de vue, si nous tendons bien les oreilles et ouvrons bien les yeux, nous remarquerons que de nos jours, nos vies et les politiques économiques et sociales mises en application par les gens qui nous gouvernent sont guidées par une logique purement financière.  En considérant la crise qui prévaut depuis quelques années et ses conséquences sur l’emploi / chômage, la perte du pouvoir d’achat, l’accès aux soins médicaux etc. il ne faut pas avoir honte de penser et de dire que le système capitaliste dans sa forme actuelle est en panne. Il faut que les gens sachent que des alternatives existent. Nous ne sommes pas dans un monde bipolaire. En dehors du capitalisme sauvage, il n’y pas que le communisme staliniste. Il y a d’autres pistes qu’il faut sérieusement explorer si nous aspirons à une vie meilleure pour nous et pour les générations futures.

FMI et Banque Mondiale : Fonctionnement

Le FMI, comme la Banque Mondiale n’a jamais eu pour ambition d’être une institution d’aide au développement. Chaque prêt octroyé à un gouvernement est conditionné par l’application d’une politique et d’une idéologie néolibérale qui comprend :

La « Libéralisation » de l’économie qui se concentre sur l’extraction des ressources et l’exportation.
La réduction du rôle de l’Etat
La diminution des dépenses publiques notamment dans l’éducation et la santé.
La privatisation est encouragée ainsi que la diminution de la protection des industries locales.
D’autres politiques d’ajustement comprennent la dévaluation des monnaies locales, une augmentation des taux d’intérêts, la flexibilité du marché du travail, l’élimination des subventions (sur les produits alimentaires par exemple).
Diverses régulations sont éliminées afin d’attirer davantage les investisseurs étrangers

Ces pré-requis pour avoir accès aux financements peuvent avoir des effets dévastateurs. Les facteurs suivants peuvent conduire à plus de pauvreté et pousser les pays en développements à rester toujours dépendants  des pays développés:

Les pays pauvres doivent exporter plus pour avoir accès aux devises et  ainsi pouvoir rembourser le prêt du FMI
Comme plusieurs pays en développement sont simultanément encouragés à se concentrer sur des produits d’exportation similaires, une guerre des prix s’installe sur le marché global et on assiste à ce qui est appelé une course vers le bas.
Avec le temps, La valeur de la force de travail diminue, les flux des capitaux deviennent plus volatiles
Des millions d’enfants finissent ainsi par mourir tous les ans à cause de maladies et de la pauvreté. Selon les chiffres de l’UNICEF, encore environ 8.8 millions d’enfants sont décédés en 2008 avant d’atteindre leur 5ème anniversaire.

Dans ces termes d’échanges globaux fixés par les institutions financières internationales, les pays pauvres se retrouvent en général perdants au change. En effet :
Vue la concurrence internationale évoquée plus haut, les prix des produits non finis exportées sont en baisse.
Les pays en développement importent des pays développés des produits finis beaucoup plus chers que les produits exportés.
Par ailleurs, ces produits non finis engendrent une circulation d’argent inférieure dans les pays en développement que la circulation d’argent engendrée plus tard par les produits finis dans les pays développés (En considérant le fait qu’il y ait plus d’intervenants, de fournisseurs etc.). De ce fait,  l’apport de ses produits au PNB des pays en développement est inférieur à l’apport de ces produits au PNB des pays développés. Plus simplement, les pays pauvres auront tendance à rester pauvres ou à s’appauvrir davantage.

Finalement, ce système mis en place par les anciens empires coloniaux et leurs banquiers assure que ces pays développés continuent bien après les mouvements anticoloniaux du XXème siècle à avoir accès aux ressources naturelles et à la main d’œuvre à bas prix des pays en développement. Ceci explique pourquoi les institutions financières internationales financent d’abord l’infrastructure routière. En même temps, les pays développés s’assurent un accès à un marché global pour écouler leurs produits manufacturés.
Avant la deuxième guerre mondiale, les pays en développement étaient mieux payés pour leurs biens et main d’œuvre ce qui leur permettait de payer leurs dettes. Apres la deuxième guerre mondiale, les empires coloniaux ont repris control du commerce inégal en baissant les prix de leurs importations et en augmentant les prix de leurs exportations.
En 1970, les 20% les plus pauvres de la population mondiale recevaient 2.2% du revenu mondial  (*) alors que les 20% les plus riches recevaient 70% du revenu mondial. En 1990, les 20% les plus pauvres recevaient 1.4% du revenu mondial alors que les 20% les plus riches recevaient 83.4% du revenu mondial. En lisant ces chiffres, il est difficile de croire que le but d’institutions telles que le FMI ou la Banque Mondiale est de développer les pays pauvres.

Je conclurai ce post en empruntant la phrase de  Vincent Verschoore :  « La mère des guerres à venir est celle de la société humain contre la machine à broyer de la toute-puissance financière, il devient urgent de s’en apercevoir et de sortir des schémas idéologiques du 19ème et 20ème siècle. »

 

(* )J.W. Smith, Economic Democracy: The Political Struggle of the Twenty-First Century, 4th Edition, Août 2005.

 

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Réconciliation nationale : Non Merci !

Depuis quelques semaines on entend des suggestions  ou des appels à une réconciliation nationale. Mais qu’est ce que cela veut dire exactement?

En cherchant sur Wikipedia, on lit qu’il s’agit de commissions mises en place dans certains pays suite à des périodes de troubles ou de dictature.  D’un côté, les victimes sont invitées à s’exprimer dans un forum afin de retrouver leur dignité. D’un autre côté, les auteurs d’exactions sont invités à se confesser publiquement et à se repentir devant les victimes ou leurs familles. Cela s’est vu en Afrique du Sud à la fin de la politique d’apartheid mise en place par le gouvernement Sud Africain en 1948. Il s’agit d’offrir une amnistie en échange de confessions publiques.

Pourquoi propose-t-on une chose pareille en Tunisie ? Dans un des écrits à ce sujet, j’ai lu « pour vivre en paix ». Je dois avouer que je suis de plus en plus dégouté et déçu par la tournure qu’est en train de prendre la post-révolution en Tunisie. Quel cirque !
Je me demande comment est ce que les tenants  de cette idée voient les choses ? Quelles victimes vont parler en publique et pardonner à leurs bourreaux ? Les familles des tués par balle durant les mois de décembre et janvier derniers ? Ou bien les familles des deux jeunes brulés vifs dans un commissariat de Sidi Bouzid ? Ou bien les victimes de viols à la matraque dans des commissariats ? Ou peut être les citoyens à qui on a confisqué des terrains et des commerces au profit des proches de l’ex-couple présidentiel ? Ou même tous ces jeunes qui n’ont pas été pris au concours du Capes depuis plus de vingt ans car leurs places ont été vendues à des personnes qui ne les méritaient pas ?

D’un autre côté, quels bourreaux vont confesser leurs crimes publiquement? Ce que nous voyons en ce moment, c’est que Ben Ali, Leila et des membres de la famille Trabelsi sont en train d’être condamnés à des peines lourdes dans des procès parfois bâclés. Par contre, tout l’apparatchik de l’ère Ben Ali est en train d’être blanchi par un système judiciaire encore trouble. J’ai déjà évoqué cette question dans un post précédent. Depuis, les acquittements n’ont pas cessé. L’ancien Ministre des Transports et l’ancien Ministre de la Justice sont les derniers en date à bénéficier de la mascarade de la justice. Certains ont même pu quitter le pays légalement. Si les hauts responsables s’en sortent plutôt bien devant les juges, les petits responsables dans les différentes régions du pays n’ont même pas été inquiétés. Qui de ces gens là va confesser publiquement des crimes de corruption, d’abus de pouvoir, d’abus de biens publiques ou de détournement de fonds ? Qui va avouer en publique avoir donné des instructions pour tirer à balles réelles sur des manifestants ? Le premier qui le fera risquera la loi du talion.

Qu’on arrête donc de nous parler de réconciliation nationale. Offrir une amnistie à des responsables administratifs, politiques et à des hommes d’affaires qui  pendant des années ont dépouillé, humilié, et brisé les vies des tunisiens est une aberration.  Il faut que les criminels et les escrocs en cols blancs soient jugés. C’est là que j’exprimerai de nouveau mes inquiétudes par rapport à la transparence et l’indépendance du système judiciaire. Je m’inquiète qu’aucun juge n’ait à ce jour été épinglé dans un dossier de corruption.  Pourtant, que certains juges aient été corrompus à un moment ou un autre n’est un secret pour personne. Tant que cette omerta qui prévaut dans la justice tunisienne n’est pas rompue, nous continuerons à subir une mafia dirigeante.

Pour « vivre en paix », il faudra d’abord que justice soit rendue puis le temps fera le nécessaire pour panser les plaies.

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Liberté d’Expression en Tunisie

Nous avons parfois tendance à oublier qu’il ya eu une révolution en Tunisie. Il n’y a pas eu un simple changement de président ou de gouvernement. Qui dit révolution dit une rupture totale et rapide avec un ancien système.

Comme mes compatriotes, j’ai beaucoup de souhaits et d’espoirs pour mon pays. Je souhaite la rupture avec un système policier répressif qui a duré plus de 50 ans. La rupture avec un système judiciaire corrompu où la justice et la politique ont souvent fait bon ménage. La rupture avec la pensée unique. Je souhaite que nous  n’ayons plus à parler tout bas quand nous nous exprimons à propos de nos dirigeants.  Je souhaite que les journalistes puissent s’exprimer librement et qu’ils aient le courage de résister aux pressions qu’ils pourraient subir. Je souhaite que les journalistes puissent vaincre leurs propres peurs injustifiées. Je souhaite que plus de journalistes intègres prennent les commandes de nos médias.

Aujourd’hui, 6 mois après la révolution. Certains signes me donnent de l’espoir. Cependant, le chemin est encore long. Samir Feriani est un policier qui a voulu s’exprimer publiquement sur les dysfonctionnements du Ministère de l’Intérieur. Il a été arrêté, selon sa famille, dans des circonstances pas claires (http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/4164-tunisie-les-dessous-de-laffaire-samir-feriani–.html). Il est détenu aujourd’hui à la caserne militaire d’El Aouina et est accusé par un tribunal militaire entre autres d’«atteinte à la sécurité extérieure de l’État ».  Les accusations contre Feriani font partie de l’arsenal légal répressif du système Ben Ali utilisé pour punir les dissidents. Samir Feriani est un cas de dysfonctionnement de la justice et du système policier de la Tunisie après le 14/01/2011.
Voir  le premier ministre manquer de respect à des journalistes en leur demandant leur âge en guise de réponse à une question me laisse perplexe.  Pense t’il qu’il n’a pas de comptes à rendre à des gens moins âgés que lui? Si c’est le cas et vu son âge plutôt avancé, il ne compte vraisemblablement pas en rendre. En ce qui concerne le premier ministre en personne, cela ne m’étonne pas étant donnés sa formation et son expérience de la politique aux côtés d’un autocrate (Bourguiba).Toutefois, ceci ne doit pas servir d’excuse. Le plus grave, c’est qu’il est en train de donner un mauvais exemple à ne pas suivre. Celui de la responsabilité de l’homme politique vis-à-vis des citoyens et de sa relation avec les medias.

En dépit de ces défaillances, je garde espoir que la Tunisie puisse changer dans le bon sens, vers plus de libertés individuelles. Il faudra cependant rester vigilant et ne pas laisser passer les dysfonctionnements  de toutes sortes. Je joins aussi ma voix à la communauté nationale et internationale pour demander la libération de Samir Feriani.

(*) www.hrw.org/fr/news/2011/06/09/tunisie-les-autorit-s-devraient-lib-rer-un-officier-de-police-qui-avait-tent-de-d-no

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Mes inquiétudes, mes espoirs

Chers amis,

Je vous adresse aujourd’hui cette lettre pour vous faire part de mes inquiétudes face aux manipulations du gouvernement actuel. Je n’aime pas le dire mais je suis contraint de le constater. Les méthodes n’ont pas beaucoup changé depuis la révolution. Pourquoi changeraient-elles d’ailleurs alors que notre gouvernement actuel n’a rien de révolutionnaire. Il suffit de constater que l’actuel ministre de l’intérieur était aussi dans les affaires intérieures aux heures les plus sombres du zabatisme. Il a été nommé justement pour faire ce qu’il sait faire. Est-ce qu’il a été formé à de nouvelles méthodes de travail ? Je ne pense pas.

Revenons aux outils de la manipulation tels qu’expliqués par Noam Chomsky (*). On y trouve dans le désordre : la distraction, toucher l’émotionnel du peuple plutôt que l’inciter à la réflexion, créer des problèmes pour y apporter des « solutions », s’adresser au public comme à des enfants, le « dégradé » dans les actions impopulaires, nourrir la culpabilité pour étouffer la révolte.

Le gouvernement actuel soutenu par les mass medias nationaux (télévisions, radios, journaux) nous distrait à longueur de journée par des événements secondaires par rapport à ses prérogatives principales qui sont :

–          Préparer les élections de l’assemblée constituante.

–          Agir d’urgence pour développer les régions intérieures et y créer des emplois (ne serait-ce que commencer. Pour l’instant, il n’y a que des promesses).

–          Assainir le ministère de l’intérieur

–          Garantir l’indépendance de la justice

–          Juger convenablement les criminels de l’ère Ben Ali notamment les responsables des tueries qui ont eu lieu pendant la révolution ainsi que ceux qui ont appuyé sur les gâchettes – les snipers.

–          Assainir les médias de l’emprise du clan Ben Ali / Mabrouk & Friends.

–          Garantir les libertés individuelles.

En effet, le tunisien a besoin de travailler et de vivre dignement et en sécurité, où qu’il soit, à Sousse ou à Kasserine, à Tunis ou à Regueb.

Les medias ont eu une aubaine : les autres soulèvements arabes et le problème des réfugiés venant de Lybie. Des semaines durant, nous n’avons vu que cela dans les medias. Puis l’élan formidable de solidarité des tunisiens a été encore une occasion pour occuper nos journaux et nos radios. Puis, ils ont créé un « problème » : les salafistes. On a nous a informé il y a quelques semaines que plusieurs voitures transportant des armes étaient entrées en Tunisie. Ensuite, on ne nous en a plus parlé. Il n’y en avait plus besoin : un film au titre choquant et que presque personne n’a encore vu est arrivé pour faire sensation. Et là, on nous a servi encore une fois la carte salafiste. Tant pis si en passant, une salle de cinéma a subi de légers dégâts ou un avocat s’est fait tabasser. C’était le prix de la diversion. Ils ont rempli encore une fois les colonnes des journaux et les studios des télévisions. Pendant tout ce temps, personne ne nous met à jour par rapport à l’avancement des travaux de la commission en charge de préparer les élections de la constituante. D’ailleurs personne n’a le temps pour ça puisqu’il faut défendre sa religion ; la chose la plus sacrée chez le tunisien. Mais qui est cette réalisatrice ? Une illustre inconnue jusqu’à présent pour la majorité des tunisiens. Elle et son film auraient pu passer inaperçus. Mais non. Il fallait que les medias s’en mêlent. Finalement, à qui est-ce que cette médiatisation excessive profite ? C’est en s’attaquant à l’affectif du tunisien (la religion) que ce dernier se détourne des questions essentielles (khobz ou mè, ou Bin Ali lè).

Pendant ce temps, des procès sont tenus pour juger des figures de l’ère Zaba et des acquittements se succèdent alternés de condamnations risibles. Imed Trabelsi écope de 4 ans de prison, Slim Chiboub est acquitté. Saida Agrebi , le bras droit de Leila Ben Ali est acquittée, Sami Fehri est acquitté, le Directeur Général de la télévision nationale est acquitté etc. Il est clair que si on utilise les lois écrites par les amis de Zaba pour servir les intérêts des amis de Zaba, il sera difficile de trouver qu’ils ont été hors-la-loi. Le peuple n’a forcément pas le temps de s’en émouvoir puisqu’il a été trainé, d’une manière si diabolique, dans un faux-débat, une bataille imaginaire, des croyants vs. les infidèles. Les extrémistes de chaque part n’hésitant pas, de bonne foi ou pas, à verser de l’huile sur le feu. Nous semblons oublier que le peuple tunisien est dans son écrasante majorité, musulman sunnite et ces divisions sur les questions de la religion n’ont pas lieu d’être, surtout pas dans sa forme actuelle. Ceci n’est pour moi qu’une volonté de certains d’appliquer l’adage ‘diviser pour mieux régner’. Cette volonté de diviser a été claire depuis le début de la révolution. Ils ont cherché à mettre les régions les unes contre les autres. Ils ont essayé avec un certain succès de mettre des tribus du sud tunisien les unes contre les autres et maintenant ils cherchent à créer des ennemis imaginaires : les vrais musulmans contre les autres. Quand je dis ‘ils’, je parle des gouvernements Mohamed Ghannouchi et BCE, des medias (tous complices, avec ou sans préméditation), des représentants des partis politiques influents y compris Rached Ghannouchi, de l’UGTT et des restes du RCD (dont certains se sont reconvertis dans de nouveaux partis politiques). Cela fait beaucoup de gens. Tous ceux que je viens de citer sont d’abord intéressés par le pouvoir et par l’argent. Malheureusement, le bien du pays arrive bien plus bas dans leur liste de priorités. Cette classe politique et ses satellites ont bien vu lors des évènements de Décembre 2010 et Janvier 2011 qu’un peuple uni pouvait être dangereux dans l’avenir pour leur existence même. Ils ont appris cette leçon et ils cherchent dès aujourd’hui, alors que nous sommes encore en phase de transition, à créer des divisons.

La matrice au pouvoir en Tunisie a intérêt à continuer avec un système qui lui a bien réussi plutôt que de s’engager dans une voie périlleuse. La matrice a accordé pendant des années des avantages de tous genres à la bourgeoisie et à une tranche de la population qui aspirait à devenir petite bourgeoisie. En contre partie, ces derniers renvoyaient l’ascenseur en maintenant la matrice au pouvoir et en fermant l’œil sur ses dépassements. Un adage populaire dit qu’on ne peut mordre la main qui nous nourrit. Au fil des années, l’appétit de la matrice a grandi tandis que ses protégés ont continué à fermer l’œil en échange de petits arrangements. Ceci a fait trop de laissés-pour-compte et finalement l’équilibre a été rompu. Aujourd’hui, la matrice, pour survivre, est en train de sacrifier quelques pions mais cherche à limiter les sacrifices.

J’appelle le peuple tunisien à se serrer les coudes dans l’intérêt suprême de la Tunisie. Le débat sur la religion n’a pas lieu d’être. Nous, les tunisiens, sommes en large majorité musulmans et nous le resterons. Ne nous laissons pas entraîner par ceux qui cherchent à semer la discorde en positionnant le débat sur une confrontation entre un islam à l’afghane et un athéisme. Ces deux concepts ne correspondent pas à la tradition religieuse des tunisiens dans leur grande majorité. Si des jeunes aujourd’hui ressentent des doutes par rapport à leur identité religieuse (ce qui est compréhensible vu notre exposition à des dizaines de chaines satellitaires), qu’ils se renseignent dans la littérature tunisienne et auprès des anciens, les parents, grands parents et anciens du village plus généralement. La Zitouna a de tout temps été un centre régional pour l’enseignement de la religion. Qaradhaoui et compagnie n’ont pas de leçons à nous donner.
Maintenant, le temps presse. Il faut demander des comptes aux membres du gouvernement et aux présidents des commissions. Où en est-on du dossier des élections pour la constituante ? Que se passe-t-il dans le dossier de la corruption au sein du ministère de la justice ? Est-ce qu’ils ont réussi à attirer des investisseurs à Sidi Bouzid, Kasserine, Metlaoui et Regueb ? Que font-ils dans ce but ? Est-ce qu’on a identifié les snipers ? Quand est ce qu’ils passent en justice ? Y a t-il des plans pour assainir nos medias ? Comment peut-on faire confiance à une radio qui appartient à la fille de Zaba? Les gens aujourd’hui ne font pas encore confiance à la police (et ils ont peut être raison). Qu’envisage le gouvernement pour y remédier ?

La Tunisie appartient à tous les tunisiens. Il revient de ce fait à tous les tunisiens, hommes et femmes, de veiller sur ce beau pays, unis, la main dans la main, comme durant les mois de décembre et janvier derniers. C’est cette union qui a fait notre force et qui a fait que, grâce à Dieu, nous avons accompli des prouesses. C’est en restant soudés que nous réaliserons encore plus de prouesses.

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McDO : prêt-à-manger (la Tunisie)

Cette semaine, la presse électronique tunisienne a relayé une information concernant l’arrivée prochaine en Tunisie de grandes marques de la restauration rapide américaine. Ces marques profiteraient de l’assainissement de l’environnement économique en Tunisie et de la fin de la main mise de l’ex-« famille royale » sur les affaires en Tunisie. Ces marques  accorderaient des contrats de franchise.

Qu’est ce qu’une franchise ?

Selon l’Observatoire de la Franchise (*), « C’est un accord par lequel une entreprise, le franchiseur, accorde à une autre, le franchisé, en échange d’une compensation directe ou indirecte, le droit d’exploiter une franchise dans le but de commercialiser des types de produits et/ou des services déterminés. »

Le concept est intéressant pour le franchiseur (Pizza Hut, McDonald, etc.) car il permet de se développer dans des zones géographiques éloignées du siège de la société à moindre coût et sans risques liés au manque de connaissances du terrain. C’est l’entrepreneur local qui prend tous les risques.

Pour le franchisé, il s’agit d’un billet pour accéder à un marché difficile. En acquérant une franchise, le franchisé acquiert des produits et des services et surtout une notoriété.

Dans le cas de la Tunisie, j’émets des doutes quant à l’apport de ces grandes marques du prêt-à-manger au pays.

Du point de vue micro-économique, un entrepreneur local a-t-il intérêt à acquérir une franchise dans la restauration rapide ? La Tunisie pullule de restaurants fast-food indépendants sans marques particulières (la seule marque un peu connue étant Baguette & Baguette). Pourtant, au vu de leur fréquentation, il me semble que ces restaurants s’en sortent plutôt bien. Est-ce que les ventes additionnelles que rapporterait une enseigne internationale justifieraient les droits de franchises exorbitants que demandent ces firmes (de 60 à 350 mille dinars)?

Rajoutez à cela les risques de s’associer à une marque américaine. En Tunisie, le ressentiment anti-américain est très volatil.

En 2009, au Maroc, McDonald’s a ressenti un boycott suite aux agressions israéliennes à Gaza et a dû communiquer en long et en large pour regagner la sympathie des clients en mettant en exergue tout le bien que serait en train de faire l’entreprise en créant des emplois et en finançant des villages d’enfants orphelins (**).

D’un point de vue macro-économique, il faut bien noter qu’un franchiseur n’est pas un investisseur. Si ces firmes multinationales parlent de franchise, c’est qu’elles n’ont pas l’intention d’investir en Tunisie. Bien au contraire, elles viennent proposer des ‘concepts’ pour lesquels des investisseurs tunisiens paieraient des dizaines de milliers de dinars en devises. Est-ce qu’en ce moment de notre histoire, la Tunisie peut se permettre d’exporter autant de devises pour acheter des concepts ? Il faut rajouter à cela l’importation de produits alimentaires semi-finis entrant dans la préparation des produits franchisés. Au Maroc, seulement 50% des ingrédients McDonald sont produits localement.
Parmi les arguments de ces firmes internationales figure le fait qu’elles contribuent à créer des emplois. Nous savons que c’est l’investissement qui crée l’emploi (pas la franchise) et c’est le savoir-faire de l’exploitant qui saura protéger ces emplois. Ces firmes assurent aussi une formation aux managers de ces points de vente. Est-ce que quelques semaines de formation dans un point de vente au Maroc ou ailleurs valent les années de formation dans les instituts supérieurs en Tunisie ? Si la réponse est oui, il faudra alors se poser des questions par rapport à la formation dispensée dans les instituts supérieurs de tourisme en Tunisie.

D’un point de vue sanitaire, je ne suis pas convaincu que ces produits de la restauration rapide mondialisée sont sans danger pour le consommateur. Ils auront beau nous fournir des garanties de laboratoires et des certificats mondialement reconnus, il me suffit de voir le poids d’un américain moyen et les dangers qui en découlent (diabète, cholestérol, etc.) pour être certain que ce modèle nutritif mondialisé n’est pas bon pour mes enfants.

Ceci reste mon humble avis. Peut-être que je me trompe. Peut-être qu’en ayant des enseignes internationales de malbouffe illuminant nos artères, le tunisien se développera. Ainsi nous acquerrons sans nous en rendre compte le savoir-vivre des suédois, la propreté des suisses, la conscience professionnelle des allemands, la science des américains et la productivité des chinois !

(*) www.observatoiredelafranchise.fr/guide-creation-entreprise-en-franchise/definition-de-la-franchise.htm

(**) www.yabiladi.com/forum/maroc-mcdonald-commencent-ressentir-menaces-2-2927372.html

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Journal d’un indigné: Censure, réfugiés et spoliations

En général, je commence mes journées en surfant sur les sites d’informations « sérieux » pour voir ce qui se passe dans le monde, ce qui s’est passé en particulier durant les dernières vingt-quatre heures et ce que les patrons de l’information ont décidé qu’on devait savoir.

Cette semaine, j’étais particulièrement indigné. J’ai vu la presse anglo-saxonne s’esclaffer de l’interdiction par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) en France aux radios et télévisions françaises de citer à l’antenne les mots Facebook et Twitter en invoquant une loi sur la « publicité clandestine ».
Ce qui m’a interpelé, c’est à la fois le caractère absurde de cette interdiction et le fait que les contestations en France par rapport à cette loi soient aussi discrètes, à peine audibles. Ceci vient en même temps qu’une campagne internationale de Sarkozy pour un plus grand contrôle du Web par les Etats. Il y a de quoi se poser des questions sur un des trois principes fondamentaux de la République Française, je cite : la Liberté.
Le CSA déclare avoir été saisi par « une chaîne »… publique, je suppose. En quoi est-ce qu’une chaîne peut-elle être gênée par le fait que d’autres renvoient les téléspectateurs / auditeurs vers leurs pages Facebook ? Si ce n’est que ses donneurs d’ordres cherchent à réduire l’utilisation des réseaux sociaux. La communication non contrôlée devient-elle gênante ?
En ce qui concerne les réactions très discrètes, peut-on parler de « moutonisation » du peuple ? des médias ? Heureusement qu’en Tunisie, nous avons encore la liberté d’expression 😉

Sur un autre registre, le nombre de réfugiés syriens arrivant en Turquie est suivi dans les médias à la loupe. En début de semaine, on parlait de 1000 réfugiés. Surtout des femmes et des enfants. Puis le nombre s’est agrandi petit à petit. On parle aujourd’hui d’environ 5000 réfugiés fuyant la répression en Syrie.
Qui encore dans les médias internationaux parle de la situation catastrophique des réfugiés en Tunisie ? Des dizaines de milliers de Libyens, de Somaliens et d’Erythréens. Ces derniers risquent de passer des mois sinon des années dans des camps de réfugiés dans le désert tunisien à cause de l’insécurité qui prévaut dans leurs pays respectifs.
C’est là qu’on voit que dans leur majorité, les médias traditionnels ne s’émeuvent pas de la condition humaine. Ils sont à la recherche du scoop, de la sensation, de ce qui est le plus vendeur. Ils sont aussi l’instrument de la propagande politique. En effet, ce qui compte aujourd’hui, ce ne sont pas les réfugiés ou la Turquie mais le régime répressif syrien. Tout est bon pour faire monter la sauce, petit à petit, contre ce régime. D’ailleurs, la même semaine, les observateurs de l’ONU ont rendu publique des accusations selon lesquelles la Syrie serait entrain de se doter de l’arme nucléaire avec l’aide de la Corée du Nord (l’autre pays vraiment méchant). Ces accusations ont été étayées par des images satellites fournies par la CIA (ça sent le déjà-vu, non ?).
On parle de la Turquie, ce grand seigneur qui donne refuge à ces pauvres opprimés syriens. Parle-t-on de la Turquie qui opprime les indépendantistes Kurdes dans exactement la même zone géographique ? Il est utile de rappeler que ce conflit au Kurdistan aurait fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

Je continue donc ma lecture des infos. L’Oakland Institue (http://media.oaklandinstitute.org/) vient de publier un rapport selon lequel des fonds d’investissement américains et d’autres spéculateurs seraient entrain d’acheter ou de louer, d’une manière plus ou moins légale, des terrains agricoles en Ethiopie, en Tanzanie, au Sud Soudan, au Sierra Leone, au Mali et au Mozambique. La superficie achetée ou louée en 2009 seulement serait d’environ 60 millions d’hectares. La taille d’un pays comme la France.
Ces nouveaux propriétaires ou locataires étrangers sont en train de planter massivement et d’exporter des produits tels que les biocarburants ou les fleurs coupées. Les auteurs du rapport affirment que ceci est en train de créer une insécurité au niveau du système alimentaire mondial qui pourrait représenter une menace plus grande que la menace « terroriste ».
Ces mêmes institutions financières qui ont déjà jeté le monde dans une récession sans précédent en spéculant sur l’immobilier, sont en train de jouer aujourd’hui avec nos ressources alimentaires… Ces dernières années, les prix des céréales et autres produits agricoles sur les marchés internationaux n’ont cessé s’augmenter. Les besoins en produits alimentaires sont en constante augmentation mais l’offre ne suit plus. Selon un rapport de la banque mondiale, l’augmentation des prix des produits alimentaires entre 2010 et 2011 a poussé environ 44 millions de personnes supplémentaires sous le seuil de la pauvreté.

Je m’arrête là pour l’instant. Je ne veux même pas m’attarder sur la mascarade de la bactérie tueuse qui a éclipsé tous les vents de révolte européens. Je n’ai pas fini de m’indigner.

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